Divorcer avec l’impuissance
La chambre de commerce et de l’industrie d’Haïti a présenté aux
représentants des principaux médias de la capitale, la nouvelle
structure d’une chambre patronale véritablement nationale. Le 9 juillet
dernier à l’hôtel Montana, les membres du Conseil d’administration de
la CCIH composés de présidents des chambres régionales ont voulu offrir
un exemple de décentralisation effective et de coopération régionale et
nationale pour un élargissement du monde des affaires et un changement
fondamental dans l’environnement économique du pays.
Il s’agit selon
le Dr Réginald Boulos de réunir le monde des affaires dans une
perspective d’intégration des entreprises du secteur informel et en
finir ainsi dans ce domaine avec l’exclusion. Bref, en finir avec « le
business as usual » en changeant les paradigmes dans un secteur
important pour la création de richesses et le développement du pays.
Les membres de la nouvelle chambre de commerce Nationale ont profité
pour parler de la Chambre de commerce de l’Ouest, fille de la CCIH et
qui se prépare à développer un ambitieux programme constitué de débats
avec les secteurs vitaux de la vie nationale mais aussi d’initiatives
visant à la facilitation de la création d’entreprises.
Toute chose
qui nous intéresse ici au Matin, quant on songe à l’enclavement dont
souffre le climat des affaires dans notre pays et de la nécessité de
créer plus d’entreprises petites et moyennes pour combattre le chômage
endémique et mettre ce pays au travail.
Il appert des discussions
qui ont marqué la rencontre, que les femmes et hommes d’affaires
haïtiens sont conscients de la nécessité de s’ouvrir à une saine
concurrence locale et que ce secteur vital de l’économie veut renverser
la vision fataliste du « nou lèd nou la ». La vertu des actuelles
démarches est la mise en place de puissants leviers pour changer les
réalités économiques en luttant contre les méfiances régionalistes et
ou les tentatives hégémoniques d’une chambre unique et centrale.
L’accouchement
s’est fait au forceps mais les couches sont parait-il heureuses et
augure d’une vision renouvelée d’un monde des affaires plus dynamique,
plus intégré, et décidé à s’impliquer ouvertement dans la construction
de l’avenir d’Haïti.
Les confrères de la presse ont paru sensibles
au suivi des initiatives annoncées, échaudés qu’ils sont par cette «
maladie infantile » de notre culture entrepreneuriale public ou privé
qui est l’absence de continuité…et les femmes et hommes d’affaires ont
paru déterminer à avancer sur une voie qui a fait rêver un confrère,
qui craint par-dessus tout un réveil brutal de nos obsédantes réalités.
Il
est sûr que la voie de développement de l’économie haïtienne passe par
des initiatives audacieuses qui changent les perceptions des uns et des
autres et qui fasse entrer notre pays dans une ère de justice sociale
et de création de richesses. Car on ne peut « socialiser » la misère,
il faut accepter la transformation de notre modèle de production et
rompre avec les approches étriquées dans la politique d’Etat comme dans
les affaires pour sortir notre pays du marasme et de la division
stérile et…contre-productive de « nèg anwo et nèg anba ». Le débat
actuel sur le salaire minimum a montré les vertus d’un débat
scientifique « viril » mais sain, accepté par toutes les parties,
nonobstant les dérives du début. Notre société se prépare à entrer dans
l’âge du politique et les positions même tranchées font fleurir mille
fleurs et s’épanouir mille idées en vue de repenser le social haïtien
dans le sens des intérêts biens compris des uns et des autres avec pour
« bottom line » celui du bien commun.
On peut assumer une dynamique des classes sociales sans forcément aller à l’auto-destruction.
Roody Edmé