Quelque chose de remarquable, même si encore marginale se dessine pour la ville de Port-au-Prince. Des initiatives au Bel-Air et à Carrefour feuilles annoncent une meilleure prise en charge de ces quartiers sur le plan de la sécurité et de l’environnement.

Un reportage de notre confrère de la rue du Centre signalait le fonctionnement de brigades de nettoyage des 27 quartiers de Carrefour Feuilles et la mise en place d’un centre de tri et de traitement de déchets qui a déjà produit une certaine quantité de briquettes prête pour la consommation de substitution au charbon de bois.

Ajouté à cela l’annonce par le ministre des Travaux publics de nos premiers « quartiers écologiques » pourraient progressivement faire une différence et redonner progressivement à notre capitale une certaine sérénité. La chronique urbaine de John Chéri sur Radio Métropole à la vertu de signaler les négligences citoyennes et étatiques qui ont peu à peu transformer la région métropolitaine en un gigantesque ghetto ou se mêlent luxe et indigence dans une spontanéité toute surréaliste.

Cette mobilisation médiatique a la vertu de nous sortir de la torpeur et de l’abandon et force plus d’un à recommencer de s’étonner de l’état sordide de la fière cité caribéenne des années 40, haut lieu des rendez-vous culturels et touristiques de la Caraïbe métamorphosé en « mare aux diables »

La construction prochaine du parc de Martissant avec un financement de l’Union européenne et une coopération tripartite de la Mairie de Port-au-Prince, de la Focal et du Gret avec en sus un vaste programme de réhabilitation des quartiers environnants l’ère de l’habitation Leclerc est un grand coup dans la lutte contre l’indigence et pour la dignité des habitants de ce quartier.

Une approche qui consiste en des investissements lourds dans les quartiers pauvres développant un volet sanitaire, la réhabilitation de l’environnement, et des activités de développement durable pourrait progressivement réduire de manière substantielle l’insécurité et redonner aux Haïtiens l’envie de vivre dans leur pays avec une meilleure qualité de vie.

Il reste qu’il faut appliquer les lois sur les constructions anarchiques, travailler à des alternatives pour loger dans de meilleures conditions le secteur informel, éviter de sombrer aux sirènes du populisme qui confirme la paresseuse formule « pito nou lèd nou la ».

Entre-temps, il faut stopper l’hémorragie du morne l’Hôpital qui menace Port-au-Prince et Pétion-Ville d’une coulée apocalyptique de boue.

Et puis, pour repenser Port-au-Prince, il faut redonner vie aux provinces, selon la formule consacrée d’un géographe  haïtien « potoprens se trokèt la chay la se jaden yo ».

Jacques Attali dans un rapport commandité par le Président Sarkozy recommandait pour la France le concept novateur « d’eco-ville », lisez ville écologique, qui répondrait de manière imaginative aux défis environnementaux de l’heure.

Haïti pourrait travailler à réunir les propositions les plus audacieuses et les moins coûteuses en vue de renverser une situation déjà passablement hors contrôle. J’ai écouté avec intérêt sur radio Kiskeya quelques propositions de l’agronome Jean André Victor qui pourraient parmi d’autres retenir l’attention des décideurs.

Roody Edmé