La nouvelle écologie politique ?
“L’eau est le premier maillon du
développement durable”. C’est la phrase-source qui débuta cette
semaine, sur TV5, un reportage à propos de fermiers indiens communément
appelés « les gardiens de l’eau ». L’Inde est de ces pays qui rivalisent en ingéniosité pour protéger
l’eau, une ressource stratégique menacée de disparition dans quelques
régions du monde. Dans certains villages de l’Inde millénaire, on
expérimente un procédé artisanal mais efficace de captage de rosée.
Goutte à goutte, le précieux liquide recueilli dans les « condenseurs »
de rosée sert au bout du petit matin à l’arrosage de plantes et autres
produits maraîchers. Sur un autre site visité par l’équipe de TV5, une équipe de
microbiologistes a développé une technique de nettoyage « bio » des
eaux usées. Les eaux usées sont récupérées dans des nappes où vont se
condenser les micro-organismes, puis les eaux débarrassées de leur
surplus de bactéries continuent de s’écouler vers des bassins destinés
à la pisciculture. Des scientifiques principalement indiens et brésiliens en raison des
nombreux challenges environnementaux auxquels sont confrontés leurs
pays ont développé un « marché » de solutions les unes plus originales
que les autres. Ces innovations ont le mérite de tenir compte du
casse-tête que représentent les coûts financiers de la mise en place
dans les pays du Sud de technologie douce non prédatrice de
l’environnement. Le sommet de Copenhague dans les prochains jours augure de décisions
importantes pour l’avenir du monde. Dans le sillage de Rio et de Kyoto,
on devra enfin passer à des mesures contingentes et résolues en vue de
la réduction du plafond global d’émissions de gaz. Les pays riches,
responsables historiques du phénomène devront selon les experts, agir
les premiers puisqu’ils sont à l’origine des deux tiers du stock de gaz
accumulé dans l’atmosphère et qui réfléchissent les rayons du soleil
dans une sorte « d’effet pare-brise ». L’Union européenne envisagerait de se montrer pro-active dans ce
domaine et prévoirait une réduction allant jusqu’à 40% du gaz échappé
des usines et voitures. Aux Etats-Unis, de nouvelles législations sont
préparées en vue de négocier en douce le passage d’un « american way of
life » pour le moins agressif à un mode de vie plus respectueux de
l’environnement. André Gorz, penseur écologiste avant la lettre, avait vu juste
lorsqu’il critiquait un mode d’organisation de la société fondé
uniquement sur l’efficacité sèche et brutale. Un mode de production
fabricant l’exclusion et mettant sous haute tension ceux qui ont la
chance de travailler, développant de nouvelles pathologies du mal-être
au travail aboutissant à ce qu’un psychanalyste a appelé : « chacun
pour soi et la solitude pour tous ». Cette crise générale de l’économie mondiale couplée aux menaces
écologiques est une occasion pour les penseurs du monde entier de
repenser nos modes de croissance et de développement. Haïti ne peut se permettre de ne pas poser les fondamentaux
écologiques de son avenir. Les réflexions autour de cette problématique
organisées tous les jeudis, depuis maintenant plusieurs semaines, aux
forums organisés par Arnold Antonin méritent un large écho dans nos
universités et au sein… des nombreuses plates-formes et regroupements
politiques qui se préparent aux grandes manœuvres électorales, mais
dont les projets de société demeurent jusqu’ici dans des généralités
trop longtemps ressassées. Il est temps de soumettre la rationalité du 21e siècle à des objectifs solidaires et écologiques, de mettre les équations mathématiques au cœur du bonheur humain.
Par Roody Edmé