Le labyrinthe afghan !
Le deuxième tour des élections n’aura
pas lieu en Afghanistan. Et le tribunal électoral a proclamé Hamid
Karzai vainqueur des urnes. Un résultat obtenu suite au retrait de la
candidature de son principal rival Abdullah Abdullah et, qui dispense
la communauté internationale de devoir faire une opération de police de
tous les dangers pour sécuriser un second tour sur lequel les miliciens
talibans avaient promis de faire tomber les foudres de l’enfer. Les alliés occidentaux de l’actuel gouvernement Afghan semblent s’en
tirer à bon compte, car organiser un nouveau scrutin dans ce pays au
relief accidenté et truffé de guérilleros relève des douze travaux
d’Hercule. Cependant, les nouvelles sur le terrain ne sont nullement
réjouissantes. Les miliciens Afghans prouvent chaque jour leur capacité
de nuisance meurtrière et le président Karzai est depuis plusieurs
années le président de la ville de Kaboul, la capitale, et n’ose pas se
risquer à l’extérieur de son palais. De plus, ce gouvernement assiégé n’arrive à délivrer aucune des
promesses faites pendant les huit dernières années d’une administration
réputée corrompue. Et l’Occident perd le « Nord » dans cet Orient
mystérieux et rebelle aux valeurs occidentales. L’insurrection qui fait
rage dans ce pays est multiforme : religieuse, ethnique et
nationaliste, elle est plantée dans un décor sur fond de culture
foisonnante de pavot. Le nerf de la guerre interminable qui ronge ce
pays jusqu’aux os. La vérité est que l’Afghanistan n’est qu’une des lignes de front du
combat contre al Quaïda. La nébuleuse terroriste est tout aussi
présente au Pakistan et ailleurs et son déploiement meurtrier et feutré
constitue un grand défi pour les stratèges américains et européens. D’où le casse-tête du président Obama qui doit sur la demande du
général Stanley Mc Cristal, responsable des opérations sur le théâtre
afghan, déployer encore plus de troupes sur le modèle passablement
réussi par le général Petraeus en Irak. Mais plus de troupes signifient
aussi plus de pertes et enverraient un signal à l’opinion publique aux
Etats-Unis que le désengagement n’est pas pour demain. Le président Obama par prudence doit suivre les conseils de son
général sur le terrain, mais aussi les points de vue qui émanent dans
son propre camp, du sénateur Kerry et de son vice-président Joe Biden
qui préconisent une guerre moins classique qui s’appuierait sur le
renseignement et les frappes ciblées à partir des petits avions de type
drones. Il semble qu’il adoptera une solution hybride et coupera la poire en
deux entre les vues du Pentagone et celles de son équipe diplomatique.
En même temps qu’il fait pression sur le Pakistan pour plus d’actions
contre les Talibans regroupés à la frontière avec l’Afghanistan. Mais les dernières élections qui ont vu la victoire sans gloire de
Karzai, suite à un retrait « stratégique » de son rival ont enlevé aux
alliés occidentaux, une partie de la légitimité démocratique nécessaire
aux futures opérations sur le terrain. A un moment crucial où le général commandant des troupes de l’OTAN
souhaite gagner la bataille des esprits et des cœurs de la population
afghane, ces élections « chanpwel » viennent vampiriser tout projet
dans ce sens.
Par Roody Edmé