Insécurité et autres menaces
L’insécurité menace d’obscurcir de nouveau les pâles rayons d’une
saison de calme et de sérénité qui commençait à faire le bonheur des
Port-au-Princiens. Des coups de mains de plus en plus audacieux et
meurtriers de quelques soudards sont venus troubler une accalmie
bienfaitrice et rappeler que l’on peut facilement basculer dans
l’horreur, si on laisse les premières vaguelettes de ces derniers jours
se transformer en déferlante.
Alors que les habitants de nos
quartiers populaires se mobilisent et lancent des appels sur les ondes
des radios pour que la vigilance policière se renforce, il serait de
bon ton de profiter du momentum de confiance retrouvée
population-police pour éteindre dans l’œuf les foyers d’insécurité qui
s’allument ça et là au coin de nos rues.
Le citoyen devrait
s’attendre de bon droit, dans les prochaines heures, au réveil des
plans de sécurité et de la vigilance policière qui, quelque temps après
la grande mobilisation du Collectif contre le kidnapping, donna des
résultats assez satisfaisants. Il faut de manière préventive sécuriser
les rues et les foyers dans un pareil climat politique aride et
desséchant, sinon le vent sec de la zizanie, qui souffle en rafales
depuis le tiède scrutin du 19 avril, ne fera qu’alimenter les feux
dévorants de l’insécurité.
D’autant que les fins de mandat dans la
hiérarchie policière doivent être négociées de manière à ne laisser
aucun vide sécuritaire, sachant que ce qui est normal ailleurs n’est
jamais aussi simple chez nous.
Les pouvoirs publics devront se
montrer particulièrement actifs sur le plan social pour combattre cette
misère crasse qui fait écran à l’insécurité. Repenser notre urbanité
devrait être une priorité de l’heure et mobiliser nos autorités
centrales et municipales, la seule manière d’éviter la reproduction de
la fatalité qui fait qu’une insécurité certaine nous attend toujours au
tournant.
Le discours politique de ces dernières semaines a connu
une enflure pathologique propre à affaiblir encore plus l’état général
d’un corps social fragile, suite aux déclarations en pointillés du
président à propos de son appartenance ou non à un parti politique.
Toute chose qui a relancé le débat sur la crise institutionnelle et
provoqué dérapages verbaux et gesticulation politico-médiatique propre
à décourager ceux que les trop nombreuses questions existentielles
préoccupent au quotidien.
À trop perdre ce peuple dans des débats
sans grandeur, il finira par déserter les arènes politiques comme il
l’a fait pour le « temple du football ». Contrairement à ce que pensent
certains clercs, ce peuple n’aime pas la médiocrité, il s’y contente
souvent faute de mieux.
Il est de la responsabilité du chef de
l’État de chercher à démêler l’écheveau des fils dénudés à haute
tension de l’entre deux tours électoral et du salaire minimum, de celle
des leaders de toutes les tendances de garder la tête froide au milieu
des provocations et devant les risques de surchauffe d’un système où
les coupe-feux institutionnels sont pratiquement inexistants. En
attendant un possible réamorçage de la pompe du dialogue social.
Toute
escalade dans un sens comme dans l’autre ne serait que l’amère cerise
sur un gâteau conjoncturel peu engageant à la veille d’échéanciers
électoraux et cycloniques…
Si nous pouvions aimer notre pays au-delà des symbolismes, les dividendes politiques viendraient avec le reste.
Roody Edmé