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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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20 mars 2008

UNE DATE, UNE HISTOIRE ...


Global Voices en Français

Voilà un jour qui, chaque année, gagne en symbolisme et qui devient de moins en moins une simple commémoration pour se transformer en une journée de profondes réflexions. Et cela parce qu’il a existé, entre autre, des Clara Zetkin et Rosa Luxembourg, ces femmes du début du siècle dernier, qui ont su forger l’avenir.

Les organisations féminines ont affûté, au fil des années, leur stratégie de combat, au milieu d’un environnement hostile qui les faisait passer pour des « chipies castratrices », et, avec le support de plus en plus d’hommes de progrès, le 8 mars est devenu un rendez-vous incontournable pour mesurer, évaluer une lutte qui, si elle semble concerner au premier chef les femmes, participe aussi de la libération idéologique de leurs compagnons.

Aujourd’hui, le mouvement social des femmes s’amplifie et devient vital pour les femmes et hommes politiques qui ont besoin de cette force irrésistible et organisée pour réussir aux élections. Mais aussi et surtout pour l’ensemble des sociétés civiles qui ne peuvent plus envisager un quelconque changement sans une émancipation réelle des femmes.

Jeudi dernier, lors de la séance d’interpellation du Premier ministre Jacques Édouard Alexis, une députée du peuple s’avance pour prendre la parole ; à ce moment, le président de séance annonce que, compte tenu du nombre de députés inscrits, le temps de parole était désormais fixé à deux minutes au lieu de trois… Et la députée de le reprendre d’un ton encore respectueux, mais farouche : « Mesye yo te fè tan pawol yo, kite mwen fè tan pam », sous les applaudissements nourris d’une assistance comptant une bien trop écrasante présence masculine.

Cette dame a été une des plus… cohérentes de nos parlementaires. Avec un ton à la fois incisif et responsable, elle avait les arguments pour convaincre et la sensibilité pour persuader, mais surtout la gravité dans la sincérité de cette autre moitié de la société qui le plus souvent souffre douloureusement de nos guéguerres.

Ce qui ne m’a pas laissé indifférent, c’est le support massif de ses collègues masculins, lequel, à mon avis, annonce un début de changement dans notre société, même si le chemin est encore très long et mal aisé.

Il y a certes encore, dans l’attitude de plus d’un, du politiquement correct ou de la séduction politicienne, mais « pito sa pase malgre sa » ; c’est signe que l’on ne peut plus se permettre de mépriser publiquement les droits des femmes, tout comme dans certaines sociétés, on ne peut plus se permettre ouvertement d’être raciste.
Le monde bouge. Ségolène Royal a incarné, pendant plusieurs mois, une France nouvelle, celle de la rupture avec le « métro, boulot, macho ». Si elle n’a pas gagné, beaucoup encore le regrettent amèrement, elle aura provoqué une petite révolution qui aura eu des échos outre-atlantique…jusque dans les primaires américaines. Et si Hillary Clinton tangue sur la mer houleuse d’une campagne à rebondissements, c’est encore parce que le monde bouge plus vite en Amérique qu’ailleurs et qu’un certain Barak Obama, figure encore plus emblématique, a entamé « sa descente de l’Olympe ».

Bien sûr, la question de l’équité des genres devra s’institutionnaliser de plus en plus et lever les malentendus sur la peur réelle de la castration chez beaucoup d’hommes. Il faudra réapprendre la virilité en tant qu’expression naturelle et pure du sexe masculin et non la manifestation guerrière d’une volonté brute de domination et d’asservissement.

Il ne s’agit pas de « féminiser » la paternité, de transformer les pères en « papa pampers » selon le mot d’Eric Zémour, parce qu’ils changent les couches de leurs bébés. Au contraire, il faudra expliquer qu’un homme qui repasse ses vêtements ne deviendra pas un jour eunuque comme nous le racontait nos grands-mères, mais plus fonctionnel et moins dépendant.
Une majorité d’hommes ne comprend pas cette « libération » de la femme qui viendrait leur faire perdre leur « condition d’homme », c’est aux éducatrices et éducateurs d’enseigner que la condition d’homme doit s’émanciper du piège de l’oppression tendu par une certaine histoire qui a transformé les peuples en foules résignées et silencieuses condamnées dès le berceau.

Le XXIe siècle, en dépit de ses progrès hallucinants, traîne encore comme un boulet une condition féminine en demi-teinte qui ne fait pas honneur à la condition humaine.

En dehors de la langue de bois et des excès d’un militantisme cocardier qui consiste à « féminiser » le discours mâle dominant et qui dénonce le « mâle » partout… la lutte des femmes est entrée, malgré tout, grâce à l’activisme politique et sociale de moult organisations féministes, dans une phase critique annonciatrice d’une évolution des mentalités.

Toute chose qui ne peut que libérer l’homme haïtien de ses atavismes et d’une éducation qui le coince encore plus dans le sousdéveloppement, toute chose enfin qui ne peut que baliser les chemins de l’avenir.

Puisse la mobilisation contre toutes les formes de discrimination et pour plus d’humanité et de paix fasse que le slogan terrible et insoutenable d’un mouvement féministe italien : « L’assassin n’a pas frappé à la porte, il a les clés de la maison » ne soit plus applicable chez nous.

Roody Edmé

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