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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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16 janvier 2008

QUAND LE PRÉSIDENT PARLE DE L'AVENIR


Global Voices en Français

Le président René Préval évoquait, ce 11 janvier, devant le Parlement, la nécessité de moderniser l’État. Un État qui doit se doter de moyens pour administrer enfin ce territoire et identifier ses citoyens. Voilà une question essentielle qui devra faire débats et dépasser l’aspect technique de l’informatisation de nos services publics et la constitution de « data base », certes nécessaires, mais pas suffisants.

Il va falloir accompagner cette vision d’une série d’incitations visant à renforcer la notion de service public dans une société habituée à un État aussi répressif qu’inefficace. Car on peut tout aussi bien « informatiser le sous-développement » et le rendre encore plus redoutable. Combien de fois n’avonsnous pas vu des erreurs s’accumuler sur nos bordereaux informatisés, comme si les nouvelles technologies venaient numériser nos insuffisances administratives et consacrer, dans le virtuel, une gestion défaillante.

Ce nouveau projet d’État moderne devra être alimenté par une Université elle-même modernisée et dont les missions seront définies par cet État républicain qui y puisera, sur le long terme, les cadres de cette modernisation.
Tout ceci n’est pas incompatible avec l’autonomie de l’Université qui doit dépasser la période héroïque des mobilisations «manch long » pour une mobilisation des ressources académiques et financières que le budget de l’État doit sérieusement prendre en compte.

L’histoire récente a montré que l’État s’est révélé tout disposé à laisser son « autonomie » à une Université jugée par trop rebelle, tandis que cette dernière s’enferrait dans un discours d’autant plus radical qu’il devenait à terme impuissant.

Je ne sais combien de « mai 68 » a enfanté le mouvement étudiant militant de ces vingt dernières années pour que l’enseignement supérieur se retrouve plus abandonné qu’auparavant. Et des étudiants, plus que jamais démunis, mesurent, comme le reste du pays, la vanité de certains combats menés au nom d’une « démocratie introuvable ».
Dans les nouveaux chantiers institutionnels annoncés par le chef de l’État, une pensée universitaire critique a toute sa place.

L’État moderne dont parle le président doit répondre aux défis de la grippe aviaire qui rôde à nos portes. M. Préval avait d’ailleurs très tôt évoqué cette menace dès sa prise du pouvoir en mars 2006. L’État devra trouver des solutions liées à la dégradation accélérée de l’environnement, la nécessaire diversification de nos ressources énergétiques, à l’urbanité anarchique et meurtrière. Pour ce faire, l’Enseignement supérieur doit être repensé en conséquence et un dialogue fructueux devra s’établir entre les autorités de l’Université d’État d’Haïti et les représentants de l’État qui devront cesser désormais de s’observer en chiens de faïence.

Il y va de l’avenir d’une jeunesse qui, flamberge au vent, a souvent été de tous les combats et qui, chemin faisant, a appris que l’autonomie ne signifiait nullement repli sur soi.

M. Préval affirme avec raison que sans un État renforcé dans ses attributions, il n’y a pas de développement. Il existe d’ailleurs toute une littérature, sur le rôle de l’État dans la croissance et le développement des pays émergents, qui fait pâlir d’envie les partisans du moins d’État.

Mais là où le président veut donner l’exemple de modernité, c’est quand il souhaite une coopération responsable entre « le prince et le marchand ». Le secteur public et le secteur privé devront travailler désormais en abaissant le pont-levis, passerelle qui fera tomber les murs de méfiance accumulés depuis trop longtemps.

L’État moderne doit aussi inspirer confiance au citoyen pour qu’il ne voie pas partout un complot ourdi pour l’exterminer… le simple citoyen croit que « bonjou leta pa la verite » et doute de tout, même de la grippe aviaire. Ne répétait-on pas, il y a quelques années, au hasard des rues que « sida se politik ».

Les fondamentaux du discours présidentiel au Parlement sont simples : un État qui administre et qui se débarrasse à l’occasion de quelques raideurs que sont un port pas assez compétitif et qu’il faut moderniser et une « vieille chaudière » appelée EDH qu’il faut sérieusement retaper. Tout en appelant aux investissements et à une relance de la production nationale.

Maintenant, il va falloir que les actions soient aussi limpides que le discours et que nos dirigeants ne se prennent pas les pieds dans le tapis empoussiéré d’une culture administrative qui a pour elle une expérience vieille de deux cent ans.
C’est un chef auréolé du succès de la négociation du week-end dernier, triomphe discret qu’il a partagé avec tous les acteurs concernés, qui s’est présenté face au Parlement et qui devra travailler à divorcer ce pays d’avec « les promesses de l’ombre ».

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