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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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9 décembre 2007

POUR QUE LES FRUITS TIENNENT LA PROMESSE DES FLEURS


Global Voices en Français

Haïti a marqué quelques points dans le classement  annuel du PNUD sur le développement humain. L’économiste Kesner Pharel relève que cette amélioration serait dû à la réduction de la mortalité infantile et à une amélioration de l’indicateur d’éducation qui est passé de 0,50 à 0,542.Le pays a en outre connu une croissance économique autour de 3% pour cette année et ici comme ailleurs on loue la politique macro-économique d’un gouvernement qui a le courage de poursuivre et de renforcer la politique d’austérité commencé sous l’administration de Monsieur Hervé Bazin.

En réduisant les gaspillages liés à une gabegie administrative dont L’Etat d’Haïti est coutumier depuis sa création, la nouvelle politique publique a le mérite de rendre plus serein le climat des affaires et de nettoyer quelque peu notre image de marque à l’extérieur.

Cependant tous ces chiffres n’envoient pas au marché, « mizè a red deyó a » et la pauvreté continue d’avilir la majorité de nos concitoyens. Il y a donc beaucoup à faire pour remettre ce pays « back in business » et relancer la production nationale, toute chose qui nous ferait rentrer dans la normalité économique et commencer à envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Si le gouvernement gère avec prudence les finances publiques et c’est de bonne guerre, on déplore son manque d’audace dans bien de domaines, spécialement en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté qui tarde à se traduire dans les faits.Vous vous souvenez que dans ces colonnes, nous exprimions nos inquiétudes quant à un nouveau processus bureaucratique qui comme dans de nombreux pays avant nous a accouché de promesses vaines.

C’est un luxe de pays pauvre que de mobiliser ressources intellectuelles et matérielles dans des processus perpétuellement inachevés et qui de ce fait ont pour effet de ruiner le moral d’une population à qui on ne cesse de vanter les mérites de la participation. Combien de fois les a-t-on visités pour leur demander leur avis sur l’éducation, la pauvreté pour que quelques mois plus tard ils n’en entendent plus parler. Combien de caravanes sont passées dans nos bourgs et campagnes annoncer la bonne nouvelle du nouveau départ, recueillir les cahiers de doléances et disparaître dans la poussière de l’oubli.

La population attend des mesures mobilisatrices dans le registre du programme bolsa familia qui a donné au Brésil des résultats certains dans la lutte contre la précarité. Pourquoi ne pas prendre par exemple, sept milliard de gourdes dans les trente milliard de dollars de recettes douanières pour soutenir un programme semblable en santé et en éducation qui toucherait environ 2 millions de personnes m’a confié le responsable de notre section économique dans un brain storming sur les défis actuels d’Haïti. Ce programme d’investissement dans le social serait géré en toute transparence et devrait échapper à toute fin politicienne de courte vue. Avec pour seul horizon un renversement de la fatalité historique.

En tout cas, il faut agir dans le sens du relèvement du niveau de vie des plus démunis ne serait-ce que pour les reconnecter avec cet espace qu’ils ont tendance à fuir pour se faire rejeter et humilier sous d’autres cieux. Et d’ailleurs ce n’est pas seulement eux qui partent, l’espace haïtien continue dramatiquement à ne pas pouvoir retenir ses enfants chômeurs ou professionnels et ne pas offrir d’opportunités à ses millions de jeunes. On connaît le poids déstabilisant de l’espérance bafouée et de l’absence de perspective. Le plus grand danger c’est le retour à la routine et au plus que cela change plus c’est la même chose. Nos dirigeants dans les différends pouvoirs, car la responsabilité est collective, doivent travailler encore plus pour que la population perçoive mieux les signes d’un vrai changement. Avant que ne revienne nos saisons d’agitation stérile et le règne de « la discorde aux cent voix » qui feront gausser les uns et les autres sur les maux de ce « trouble country ».

Le momentum est pourtant là, Port-au-Prince redevient une cité fréquentable et la capitale d’Haïti s’est transformée ces derniers jours en une ville internationale recevant chaque semaine un colloque politique, scientifique ou littéraire. Les correspondants de la presse mondiale étaient partout dans les rues de la capitale n’ont pas pour débusquer des cadavres, mais pour redécouvrir la richesse culturelle de ce peuple étrangement résistant et encore debout malgré tout. Les principales lignes aériennes n’ont plus de place à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Ce 8 décembre des milliers de pèlerins de toutes les classes sociales ont marché sans crainte et tout de blanc vêtu, comme au temps de nos plus hautes espérances démocratiques. Dans un Bel Air serein, ils communiaient dans la foi mais aussi soufflait sur toute la ville un esprit de réconciliation et de paix que seul le développement économique peut garantir sur le long terme.

En attendant, dans les colonnes de ce journal nous maintiendrons la vigilance citoyenne dans une « impatience constructive » pour qu’enfin les fruits tiennent la promesse des fleurs.

Roody Edme

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