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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
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14 novembre 2007

"PERVERS" MUSHARRAF


Global Voices en Français

Le général Pervez Musharaf a lancé une offensive tous azimuts contre l’opposition à son gouvernement. Le pays vit sous État de siège et l’armée a, depuis maintenant une quinzaine de jours, les pleins pouvoirs.
Rien ne va plus dans ce pays considéré comme un des principaux verrous de la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme. Le double jeu des services secrets pakistanais quant au traitement accordé aux extrémistes religieux a fini par miner un gouvernement en équilibre surprenant entre l’allié américain et les solidarités religieuses avec les « frères » musulmans.

Dans ce contexte aussi difficile, le retour de Madame Benazir Bhutto, censé apporter plus de stabilité « démocratique » à ce pays détenteur de l’arme nucléaire, risque plutôt de servir d’accélérateur à un possible changement de régime. Washington avait souhaité, au départ, une alliance Bhutto-Musharraf qui devrait servir d’axe autour duquel tournerait la politique américaine dans l’Océan indien. Une alliance qui devait marginaliser les forces extrémistes et renforcer la légitimité d’un binôme armée-classe politique representée par le couple Musharraf-Bénazir Butto.
Il se trouve cependant que l’État de siège, décrété après une série d’attentats extrémistes, a forcé Musharaf à mettre les pieds dans le plat pour sauvegarder son pouvoir menacé. Et la répression qui s’est abattue sur le Pakistan ne vise pas particulièrement les groupes terroristes. Elle frappe jusqu’aux portes de la Cour suprême où certains juges sont explusés manu milatari de leurs bureaux. La brutalité du crackdown déclenché contre l’opposition embarasse chaque jour les fonctionnaires du département d’État, lesquels appellent à la cessation de l’État d’exception qui règne dans le pays.

Le dimanche 4 novembre dans une intervention spéciale sur CNN, Mme Bhutto a déclaré comprendre l’analyse du général Musharaf quant aux menaces qui pèsent sur le pays, mais a affirmé prendre ses distances avec la solution adoptée par ce dernier. Elle disait croire fermement à un pourrissemet probable de la situation qui risque de s’enflammer encore plus dans un pays considéré comme une plaque tournante de la nouvelle guerre asymétrique que livre Washington à la nébuleuse AlQaida. En effet, le Pakistan est un pays placé sous haute surveillance, tant il y a de choses à scruter derrière les montagnes impassibles et énigmatiques qui s’étendent jusqu’à la frontière afghane.

Mais l’alliance souhaitée par Washington entre « la robe et l’épée » s’est vite révélée contre nature. Sous la pression de la base de son parti, Madame Butho n’a plus le choix que de prendre ses distances vis-à-vis d’un général de plus en plus vindicatif . Elle se retrouve aujourd’hui à surfer sur la crète du mouvement pro-démocratie qui prend de plus en plus d’ampleur.

Washington ne se résigne pas encore à déchirer son as d’atout, le général est jusqu’à présent un allié irremplacable, mais plus les jours passent, plus la répression est insoutenable aux yeux du monde entier.On s’imagine l’intensité de la communication de ces derniers jours entre Islamabad et la capitale américaine . Les « conference call » ne doivent plus se compter entre le Pentagone et l’État-major pakistanais. Mais nous sommes dans une région si sensible que le temps ne joue pas en faveur de la diplomatie américaine.

Il y a deux semaines, au tout début de la crise, un chauffeur de taxi pakistanais qui nous conduisait à Reagan airport nous disait croire aux prétentions modernistes de l’homme fort d’Islamabad. En 1999, à sa prise du pouvoir, une certaine société civile voyait en lui un Mustafa Kémal pakistanais. Un «démocrate en uniforme » qui avait aboli les électorats séparés pour les minorités religieuses et attibué selon l’universitaire pakistanais Syed Akbar Zaidi, 33 % de l’ensemble des mandats électoraux aux femmes.

C’est ce général qui a choisi aujourd’hui de chausser ses bottes de « chaloska » et de rentrer sans nuance dans la galerie historique des brutes galonnées.

Roody Edmé

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