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AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
AILLEURS VU D'ICI (depuis Haïti)
  • Un blog d'analyse de l'actualité en Haiti et à l'étranger - des sujets en rapport avec l'Afrique seront aussi abordés. Certains textes ayant rapport avec les littératures du monde seront aussi traités.
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8 septembre 2007

DU DROIT A LA SANTÉ


Global Voices en Français

Le mouvement de foules provoqué par la présence dans nos centres hospitaliers de la mission médicale américaine est caractéristique de l’immense besoin existant dans ce domaine au sein de notre population démunie. Des personnes âgées se lèvent à trois heures du matin pour ne pas rater ce rendez-vous médical avec les médecins venus du « pays de là-bas » et, il a fallu un imposant service d’ordre pour éviter des dérapages qui auraient pu mettre en péril la vie de ces milliers de gens à la recherche d’un « visa » médical.

Haïti n’est certes pas le seul pays ou s’est manifesté un tel intérêt pour la mission, mais l’ampleur du phénomène nous interpelle tous sur la précarité sanitaire de notre peuple. Pourtant le gouvernement de la République à travers la coopération cubaine tente de couvrir le territoire national sur le plan sanitaire et d’apporter grâce à ces médecins rompus à des conditions extrêmes de travail des soins dans les coins les plus reculés du pays.

Dans ce domaine de coopération comme dans d’autres, c’est le cas de dire que « de pa twop », tant nos besoins paraissent incommensurables après pratiquement deux cent ans d’indifférence souveraine vis-à-vis de populations abandonnées à elles-mêmes et livrées au bon vouloir de charlatans plus ou moins habiles sévissant dans nos campagnes. S’il n’y avait pas comme dernier rempart la médecine traditionnelle, et le sacerdoce de quelques médecins engagés, il y a longtemps que ce peuple aurait cessé d’exister. Nombre de nos hospices, et cela ne date pas d’aujourd’hui, sont de véritables couloirs de la mort tant ils sont mal administrés et il manque le plus petit dénominateur commun nécessaire à un centre hospitalier de campagne.
Pour prendre un seul exemple, un de nos plus grands poètes qui pouvait pourtant se payer des soins est mort, au milieu des années 80 dans un terrible bouchon sur la route de Plaine, il n’y avait aucun autre moyen de l’évacuer et ses parents frustrés de douleur ont assisté à sa lente et pénible agonie.

Combien d’accidentés de la route revenant de la côte des Arcadins sont décédés parce qu’il n’existe sur nos routes nationales aucun service d’urgence, aucun poste d’ambulancier avec une bombonne d’oxygène ou du sérum d’urgence par les jours de grande fréquentation de ces voies qui conduisent aux week-ends de plage.

« Ici on va à la mort par habitude » a écrit un autre poète et cela dure depuis de trop longues années. C’est dans ce contexte qu’on ne peut qu’applaudir à la décision du MSPP de lutter contre les médicaments falsifiés et d’inviter au dialogue l’association des pharmacies de la zone métropolitaine. Le problème de la santé en Haïti est certes lié à ce que les experts appellent pudiquement la gouvernance du système, la gestion optimale à l’échelle du territoire du personnel hospitalier en termes de régularité et de performance, que dire de l’administration des heures de clinique et d’intervention, et last but not the least, la gestion de ces fameux stocks qui sont de véritables filons d’or tant ils entrent soudainement en rupture, au moment ou l’on s’attend le moins.

Des professionnels de la santé questionnés par notre journal sur les multiples pannes de notre système sanitaire évoquent un trop chétif budget incapable de répondre aux besoins réels sur le terrain, une peur bleue par de jeunes diplômés des conditions de travail dans certaines régions du pays qui s’apparentent à des « Twilight Zone » ou tout simplement la routine qui finit toujours par s’incruster au point d’éroder les initiatives les plus novatrices. Personne en lisant ces lignes ne doit sous-estimer la charge perverse d’une certaine culture étatique…prompte à ruiner les quelques moments de sursaut national évoqués fort à propos par Lyonel Trouillot.

Des gens ici et en diaspora sont décidés pourtant à se battre dans le public comme dans le privé pour que cela change. Il se dit dans la ville que la nouvelle administration de l’hôpital de l’université d’Etat serait parvenue à engranger la bagatelle de 1million 900.000 gourdes à force d’une gestion saine et de sévères garrots destinés à contrer l’hémorragie financière, une des « pathologies » habituelles de ce centre hospitalier connu pour être politiquement à haut risque. On espère que le problème d’arriérés de salaires, rampe de lancement de toutes les grèves, sera une fois pour toute résolue.

Je me suis laissé dire que le budget rectificatif devrait en partie permettre de résoudre le problème du déploiement des médecins haïtiens ayant étudiés à Cuba et non encore affectés à des postes souffrant d’un vide sidéral.

Signalons au passage, dans le secteur privé, un beau building bleu, sur l’avenue Charles Sumer, qui pourrait s’appeler hôpital du Sacré-cœur, équipé comme un centre de soins moderne de Floride et qui reçoit entre autre, en stage avancé des étudiants de nos facultés de médecine qui apprennent à manipuler scanners et autre imageries de dernier cri.

C’est une initiative privée qui appelle d’autres à l’instar de ces projets annoncés de pratiques en résidence au pays de nos meilleurs spécialistes de la diaspora en collaboration avec notre association médicale. Comme quoi un certain volontariat s’il n’est pas suffisant est parfois nécessaire.

Roody Edme

 

 

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